Console Shibumi 渋み

🎨 Une création graphique, des matériaux contemporains

La console Shibumi 渋み est une “enfilade” à tiroirs sur une structure acier patiné-ciré, réalisée à partir du tronc d’un seul et même arbre, et mêlant des matériaux innovants comme le Valchromat® rouge ((panneau en fibres de bois MDF coloré dans la masse) pour les parties cachées intérieures. Les tiroirs sont équipés d’un système automatique, à glissières invisibles, avec fermeture douce et amortie “soft-close”.

🌿 Histoire d’un arbre

La pièce présentée en photo ici est exceptionnelle : l’ensemble du meuble a été créé dans le tronc d’un seul et même noyer, ainsi ce bois noble et rare peut pleinement déployer son veinage magnifique dans un jeu de lignes reprises sur nos tiroirs. Le plateau est constitué d’une seule pièce de vois.

Comme bien des bois que nous utilisons et replantons à l’atelier, ce noyer a une histoire : coupé lors d’un chantier de construction à Gacé (Orne), il était voué à la destruction avant qu’une scierie locale ne le récupère in-extremis. Elle l’a ensuite débité et stocké pendant plus de quinze ans.
Cet arbre magnifique avait été oublié lorsqu’il a été acquis par l’Atelier Villard en 2019. Fidèle à notre principe de renouveler et de préserver les essences locales, deux jeunes plants de noyers ont été replanté chez nous.

Cette pièce peut évidemment être réalisée dans d’autres essences de bois.

🎌 Shibumi (渋み) : L’Élégance Discrète au Cœur de l’Esthétique Japonaise

Au sein du riche lexique de l’esthétique japonaise, le concept de Shibumi 渋み, souvent traduit par “élégance discrète” ou “beauté subtile”, se distingue par sa complexité et sa profondeur. Loin de l’ostentatoire, le Shibumi incarne une forme de beauté qui ne se révèle pas au premier regard, mais qui se déploie avec le temps, l’attention et la compréhension. C’est une esthétique de la retenue, de la simplicité fonctionnelle et de l’harmonie tranquille qui imprègne de nombreux aspects de la culture japonaise, de l’art de vivre aux créations matérielles.

Guéridon Shibumi 渋み, 2 tiroirs, bois de noyer, tiroirs en valchromat rouge et acier, par l’Atelier Villard.

De la sensation d’âpreté à la notion de beauté raffinée

À l’origine, le terme shibui (l’adjectif dont dérive shibumi) décrivait un goût âpre et astringent, à l’image de celui d’un kaki encore vert. Cette connotation a évolué au fil des siècles, notamment durant les périodes Muromachi (1336-1573) et Edo (1603-1868), pour acquérir une signification esthétique plus complexe. Le passage d’une sensation gustative à un idéal de beauté s’est fait en conservant l’idée d’une certaine “âpreté” qui s’oppose à la douceur ou à l’évidence. Ainsi, une beauté shibui est celle qui résiste à une définition immédiate, qui n’est ni criarde ni ouvertement séduisante, mais qui possède une profondeur et une complexité cachées.

Ce concept a été particulièrement mis en lumière au XXe siècle par le philosophe et fondateur du mouvement Mingei (arts populaires), Yanagi Sōetsu. Pour lui, le Shibumi représentait la forme la plus élevée du goût, une beauté inhérente aux objets du quotidien, fonctionnels et sans prétention, créés par des artisans anonymes. Dans cette optique, le Shibumi est une beauté qui naît de l’usage et de la simplicité, une “beauté de la santé” exempte de tout artifice.

Yanagi Soetsu, pionnier de l’esthétique Mingei.